Les rejets de l’aéroport contaminent un ruisseau

Lachine pompe son eau potable non loin d’un ruisseau qui charrie une forte dose de coliformes et de produits chimiques.

Le ruisseau Bouchard, qui se jette à un peu plus d’un kilomètre en amont de la prise d’eau municipale de Lachine, prend sa source en bordure du tarmac de l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau (ADM).

Chaque printemps, à la fonte des neiges, il subit un véritable «choc toxique», explique Daniel Green, coprésident de la Société pour vaincre la pollution.

L’aéroport pointé

Au fil des ans, l’écologiste a plus d’une fois retrouvé de l’éthylène glycol dans l’eau du ruisseau. Ce produit chimique est utilisé pour dégivrer les avions.

Les élus municipaux savent depuis des années qu’ADM est une source de contamination du ruisseau. Mais ils ne peuvent rien légalement contre lui.

Relevant du fédéral, ADM n’est en effet pas soumis aux lois municipales en matière d’environnement, indique Chantal Rouleau, responsable de l’eau et des infrastructures de l’eau à la Ville de Montréal. Elle souligne que l’aéroport fait néanmoins des efforts pour corriger la situation.

Pour empêcher la neige fondante de couler vers le ruisseau, ADM a en effet augmenté la superficie de ces dépôts à neige et amélioré les bassins de rétention, indique la porte-parole de l’aéroport, Stéphanie Lepage. Son centre de dégivrage travaille par ailleurs à récupérer le glycol pour le recycler et le réutiliser.

Pas de danger

Les rejets toxiques diminuent donc d’année en année, mais «il y a encore du travail à faire», estime Mme Rouleau. Elle souligne qu’ADM n’est pas le seul pollueur du ruisseau Bouchard. Celui-ci est en effet traité comme un dépotoir dans la zone industrielle qu’il traverse.

«Le ruisseau Bouchard est un égout avec des arbres autour. Et c’est ça, l’eau qu’on va boire», se désole Maja Vodanovic, conseillère d’arrondissement à Lachine.

Les citoyens de Lachine et de l’ouest de Lasalle qui sont alimentés en eau potable par l’usine de filtration de Lachine, ne courent toutefois aucun risque, assure Mme Rouleau. L’eau brute traitée à l’usine de Lachine est soumise à des étapes de traitement supplémentaires pour éliminer toutes traces de contaminants, explique Laurent Laroche, chef de section à l’usine Desbaillets.

Mais pour Mme Vodanovic, la dépollution du ruisseau permettrait de réduire les étapes de traitements, donc de faire des économies considérables. En plus, elle protégerait l’écosystème tout en améliorant la qualité de vie des riverains puisque le ruisseau traverse une zone résidentielle.

«Le lac Saint-Louis et le fleuve Saint-Laurent existent grâce à de petits effluents comme celui-là, on ne peut pas se permettre de le laisser mourir», insiste-t-elle.

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