Une enquête menée par Radio-Canada et la Société pour vaincre la pollution démontre qu’en temps de pluie, les taux de bactéries E. coli dans le ruisseau Bouchard à Dorval dépassent de presque de 100 fois la norme réglementaire. En cause : de multiples sources de pollution.
Un reportage d’Alexandre Touchette
Des échantillons prélevés dans le ruisseau au niveau du parc industriel de Dorval contenaient jusqu’à 19 000 E. coli pour 100 millilitres. La limite pour se baigner est de 200 et celle pour toucher à l’eau en sécurité est de 1000. Cliquez sur les points dans la carte ci-dessous pour explorer le ruisseau.
Des problèmes connus depuis 2007
Par ailleurs, des données obtenues par la Loi sur l’accès à l’information indiquent que la Ville de Montréal est au courant depuis au moins 2007 que les toilettes de plusieurs bâtiments du parc industriel de Dorval sont connectées illégalement à l’égout pluvial. Les eaux de ruissellement captées dans les rues sont donc contaminées par des excréments avant d’être rejetées dans le ruisseau Bouchard.
En plus de cette contamination bactériologique, des tuyaux rejettent illégalement des eaux industrielles dans le ruisseau. Lors d’une de nos visites sur le terrain avec Daniel Green, le président de la Société pour vaincre la pollution, un liquide nauséabond s’écoulait d’un tuyau provenant du terrain d’une poissonnerie commerciale.
Il y a une omerta, un silence des autorités. Ce tuyau est connu depuis au moins cinq ans par la Société pour vaincre la pollution et j’ai fait des présentations publiques montrant spécifiquement ce tuyau-là. Et rien n’est fait.
– Daniel Green, le président de la Société pour vaincre la pollution
Des notes d’inspections de la Ville de Montréal obtenues par l’organisme environnemental font aussi état de plusieurs déversements d’huile et de produits chimiques survenus dans le ruisseau au fil des ans.
Une autre source de pollution importante du ruisseau Bouchard est l’éthylène glycol utilisé pour dégivrer les avions à l’aéroport de Montréal. Malgré des travaux importants réalisés pour récupérer une partie du liquide de dégivrage, des quantités importantes s’écoulent encore dans le ruisseau qui se jette dans le fleuve Saint-Laurent.
Des inquiétudes à Lachine
La conseillère de l’arrondissement de Lachine, Maya Vodanovic, milite pour que l’aéroport respecte la réglementation municipale qui interdit de tels déversements chimiques.
Au dégel, même la Ville de Montréal le dit, le ruisseau subit un choc toxique. Puis nous à Lachine, notre prise d’eau est à 1,5 km de là.
– Maja Vodanovic, conseillère de l’arrondissement de Lachine
Mme Vodanovic ajoute que le ruisseau Bouchard n’est pas le seul concerné.
Il y en a plein d’autres qui sont en fait des égouts canalisés sous terre et qui se jettent dans le fleuve.
– Maja Vodanovic, conseillère de l’arrondissement de Lachine
La direction de l’aéroport de Montréal indique que des millions de dollars ont été investis au fil des ans pour récupérer l’éthylène glycol aspergé sur les avions. Une étude a été commandée pour trouver les moyens de capter le liquide de dégivrage qui s’égoutte sur les pistes lors des déplacements des avions avant le décollage.
La Ville de Dorval a refusé tout commentaire sur la pollution chimique et bactériologique du ruisseau. Les autorités montréalaises de leur côté tiennent à préciser que la qualité de l’eau potable n’a jamais été compromise.
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